Isil Ceuran ~ A Shadow is always cast by a Light [en cours]

Bonjour! Mon nom sur mon certificat de naissance est Isil Ceuran et on me surnomme Sisil. Je suis né(e) le 04/04/1914 à Moscou en Russie. Je suis une démone et j'appartiens aux alliés de Michael. Je travaille comme espionne pour Michael. Le nom de mon hôte est Mila Kane. Elle est née le 16/08/1996 dans la Silicon Valley aux Etats-Unis. Elle a donc 23 ans. Elle travaille comme hackeuse à la police.

Caractère d’Isil -
De son vivant, Isil était une femme fière, particulièrement sûre d’elle. Très jeune, elle avait été repéré par le gouvernement russe, qui l’a engagée comme espionne. Elle avait dès lors appris à analyser les situations qui se présentaient à elle. La pudeur de  l’enfant qu’elle était auparavant s’était rapidement volatilisée lors des formations qu’elle suivait pour accroître ses capacités. A une époque où les femmes n’avaient pas vraiment leur mot à dire, elle avait rapidement compris que son corps se révélait être sa principale arme pour séduire et manipuler. Parce que oui, Isil Ceuran était une femme séductrice et manipulatrice, prête à tout, ou presque, pour parvenir à ses fins. Et ces capacités s’étaient avérées être fort utiles lors de sa carrière. Elle ne comptait plus les hommes, ni les femmes d’ailleurs, avec lesquels elle avait couché, après de longs échanges de séduction, se faisant parfois passer une jeune demoiselle naïve ne comprenant rien à la vie. La couverture idéale pour soutirer des informations sans lever le moindre soupçon à son égard. En effet, qui pouvait se méfier d’une femme d’apparence aussi simplette ?

Certes, la plupart de ces amants ne tenaient ce rôle que dans le cadre de ses fonctions, même s’il lui arrivait parfois de se laisser aller par simple plaisir. Elle avait pris goût à ces choses de la vie et, lorsqu’elle n’était pas en mission pendant un long moment, il n’était pas rare qu’elle aille se chercher un nouveau partenaire, même après s’être fiancée. Elle aimait le changement, mais surtout, elle aimait s’amuser. Après tout, son métier s’était montré plus d’une fois dangereux. Elle pouvait se faire tuer à n’importe quel moment. Son adage consistait alors à simplement profiter de ce que son passage sur cette terre lui offrait.

Malheureusement, il arrivait fréquemment que, lors de ses missions, elle soit contrainte à éliminer sa cible après lui avoir soutiré toutes les informations qu’elle pouvait en obtenir. Si ses premiers meurtres avaient hanté ses rêves pendant un long moment, le temps passait et sa liste de victimes s’allongeait à un point qu’elle n’était plus capable de les retenir. Et ainsi commença-t-elle à devenir un assassin, doublé de sa profession d’agent secret. Elle tuait de sang-froid, mais, dans un premier temps, seulement lorsque cela s’avérait réellement nécessaire. Par la suite, elle pouvait éliminer un individu au moindre signe pouvant provoquer un soupçon, aussi infime soit-il.

Cette capacité à tuer sans plus ressentir le moindre remord se révéla à son plein potentiel lorsque la jeune femme rendit l’âme, après avoir expiré son dernier souffle. Lorsqu’elle arriva en enfer et qu’on lui présenta la torture qu’elle devrait vivre pour le restant de l’éternité, elle rit aux larmes. Elle devrait revoir en continu le visage de chacune de ses victimes, ces êtres à qui elle avait ôté la vie. Mais cela faisait maintenant bien des années qu’elle était habituée à tuer sans plus éprouver le moindre remords. De plus, elle était née à l’aube d’une guerre, et sa vie s’était arrêtée net au crépuscule d’une autre. La mort l’avait accompagnée chaque jour de sa vie. Toutefois, l’Enfer n’était pas stupide et choisit finalement de lui attribuer le pire châtiment qu’elle pourrait jamais connaître : la solitude. Se voir couper du monde, ne plus pouvoir se tenir informée, elle qui avait tendance à en savoir plus que les autres sur ce qui se tramait, allait devoir vivre pour l’éternité sans jamais plus croiser qui que ce soit, et sans jamais pouvoir prendre connaissance de tout ce qui l’entourerait.

Et ainsi naquît le véritable enfer pour Isil. Elle qui avait eu l’habitude de vivre dans la compagnie d’autres personnes. Elle qui avait cette faculté à pouvoir enchaîner les conquêtes, et à ne passer que très rarement une nuit seule. Elle qui aimait le contact avec les autres plus que tout. Elle allait devoir supporter le pire châtiment qui pouvait lui être infligé : la solitude. Elle fut enfermée dans une sorte d’espace vide où la notion d’espace n’existait pas. Qu’étaient le haut, le bas, la gauche et la droite ? Son âme baignait dans cet endroit hors de l’espace. Hors de l’espace, oui, mais aussi du temps. Car oui, dans cet endroit, la luminosité était plus claire qu’un jour d’été californien. Jamais elle ne s’adoucissait. Il devenait donc impossible d’estimer le nombre de jours qu’elle y passait. Mais dans le fond, un jour, un mois ou mille ans, qu’est-ce donc dans l’éternité qui l’attendait ? Rapidement, ou du moins ce qu’elle avait trouvé rapide, son mental, autrefois d’acier, se brisa. Si elle avait encore eu une enveloppe physique solide, elle se serait sûrement déchiré la peau de ses ongles, se mutilant à sang, jusqu’à faire mourir son âme et ne plus vivre ce châtiment insoutenable. Mais jamais, ô grand jamais, elle n’éprouva le moindre remord pour ses crimes.

Toutefois, les quelques années, sept pour être plus précis, qu’elle avait passées en enfer furent suffisantes pour lui faire perdre peu à peu les pédales. Et lors de son retour sur Terre, elle s’était défoulée, et avait mis quelques temps à redevenir relativement saine. Aujourd’hui encore, la démone prend plaisir à torturer psychologiquement les gens, à jouer avec leurs nerfs. Elle se plaît aussi à prendre possession de femmes qui ressemblaient quelque peu à celle qu’elle était autrefois, usant de leurs charmes pour continuer ces petits jeux auxquels elle s’adonnait de son vivant. Mais rapidement, elle avait pris conscience que ses nouvelles facultés lui permettraient de devenir une espionne bien plus redoutable qu’autrefois. Et elle comptait bien en faire usage.

Aujourd’hui, Isil est une démone qui vit plus vraisemblablement pour elle-même, profitant de sa nouvelle vie. Toutefois, elle n’est pas contre l’idée de réaliser quelques missions d’espionnage, comme autrefois, à condition que celles-ci soient, selon son goût, amusantes. Elle a gardé son côté fier et orgueilleux. Elle a conservé ses petits plaisirs personnels. Mais ses limites ont été repoussées après la folie qui l’avait saisie lors de son court séjour en enfer. L’éternité ne serait donc plus un châtiment sans fin. Elle était damnée à souffrir de sa solitude jusqu’à la fin des temps, et bien au-delà. Mais désormais, elle sera le bourreau pour toujours.

Caractère de Mila -
Mila est une jeune femme beaucoup plus réservée qu’Isil, et ce depuis sa plus tendre enfance. Elle n’a jamais eu l’occasion de connaître sa mère, celle-ci ayant rendu l’âme après avoir donné naissance à sa seule et unique fille. Elle avait dès lors été élevée par son père, seul. Outre le fait qu’elle n’ait jamais connu la chaleur que seul l’amour maternel pouvait dégager, sa relation avec son père a évolué d’une manière bien différente de celle que d’autres pères célibataires ou veufs entretenaient avec leurs progénitures. En effet, le sien était un cybercriminel activement recherché par le gouvernement américain. L’éducation reçue par Mila de la part de son paternel ne s’apparentait pas à celle qu’elle aurait du recevoir. Il lui avait inculqué la méfiance vis à vis de l’État et de ses dirigeants. Il lui avait appris à ne pas croire tout ce que l’on pouvait raconter autour d’eux.

De part ces idées différentes, il l’isola des enfants de son âge, sans le vouloir et pensant agir selon ce qui était le mieux pour sa fille. Cette dernière avait donc appris à ne se fier à personne d’autre qu’à elle-même et son propre père. Après tout, quel jeune enfant ne ferait-il pas confiance à sa seule figure d’autorité, son seul modèle ?

Lorsqu’il fut assassiné par des agents du gouvernement, Mila, encore jeune à l’époque, fut envoyée dans un orphelinat. Si certains des enfants recevaient de bons traitements et une bonne éducation, beaucoup étaient laissés sur le carreau. Mila ne faisait partie d’aucune de ces deux catégories. Elle était la fille d’un grand criminel. Elle avait été élevée par cet individu seul. Rien de bon ne pouvait provenir d’elle. C’est ce que les éducateurs de l’orphelinat avaient déduit. Dès lors, ils ne se préoccupaient pas de la jeune enfant, si ce n’est pour rabaisser le monstre qu’elle était à leurs yeux. Cette attitude néfaste eut tôt de confirmer de l’esprit de la jeune fille les dires de son défunt paternel : ne faire confiance à personne d’autre qu’à elle-même. Ainsi grandit-elle, meurtrie par les attaques répétées de son entourage. Blessée, mais fortifiée. En effet, malgré son jeune âge, elle n’avait jamais baissé les bras et avait continué à regarder devant elle, à ce qui l’attendait. Mais jamais elle ne songea un seul instant qu’un jour, elle s’ouvrirait à une quelconque personne.

Cette optique et cet isolement prirent fin lorsqu’elle fut adoptée par Cyril Kane, un policier. Il reprit alors en charge son éducation et elle finit par comprendre que non, tout le monde n’était pas aussi cruel et que non, tous ces représentants de la loi n’étaient pas mauvais. Inspirée par son nouveau paternel, elle décida de marcher dans ses traces : faire régner la justice. Mais elle n’oubliait pas les idéaux de son père biologique et voulait également les transmettre, d’une manière plus légale et correcte. Il fallait que justice soit faite, qu’importe qui étaient les coupables et les victimes, et ne plus faire de distinction entre les gros bonnets et les simples citoyens.

Toutefois, et ce malgré l’ouverture que Cyril lui avait apportée, Mila continue encore aujourd’hui à éprouver d’énormes difficultés à s’ouvrir aux autres, et encore plus à leur faire confiance. Mais pour ceux qui parviennent à entrer dans un cercle plus intime que celui des connaissances, ils découvriront une jeune femme ambitieuse (c’est d’ailleurs cette ambition qui lui aura permis de terminer ses études un an plus tôt que la normale et de pouvoir s’engager si tôt dans la cyber-sécurité) et motivée dans ses idéaux, capable de s’amuser et ne dépassant que très rarement les limites. De plus, pour ceux qui parviendraient à gagner sa pleine confiance, elle sera prête à presque tous les sacrifices pour les rendre heureux et fera tout ce qui est en son pouvoir pour ne pas les décevoir. Aimant particulièrement les soirées tranquilles devant son ordinateur (c’est d’ailleurs de cette manière qu’elle a rencontré son meilleur ami, Thomas), elle ne dit pas non pour sortir avec ses quelques amies un soir, de temps à autre, mais évitant toujours de revenir trop éméchée. Après tout, elle était devenue à son tour, comme Cyril, une représentante de l’ordre, et elle devait veiller à toujours véhiculer une bonne image.

Adrian était agent secret pour l’Etat Russe et Nora une instructrice chargée de former les futurs agents secrets. Tout deux avaient commencé à travailler pour l’Etat le même jour. C’est d’ailleurs lors de cette première journée qu’ils se rencontrèrent. Rapidement, le courant s’installa entre eux, si bien qu’ils donnèrent naissance à une petite fille le 04 avril 1914. Leslie et Stanislas, qui étaient respectivement la sœur et le meilleur ami d’Adrian, furent choisis comme marraine et parrain pour la petite Isil.
Néanmoins, cette nouvelle n’enchantait qu’à moitié Adrian. Certes, il était heureux de l’arrivée de sa progéniture, mais il avait à sa disposition des informations que le peuple ne connaissait pas. Une grande guerre se préparait. La Russie n’allait probablement pas être le pays le plus touché, certes, mais Nora, Stanislas et lui-même allaient être particulièrement sollicités par l’Etat dans le cadre de leurs fonctions d’espions russes, ce qui ne leur permettrait probablement pas de voir grandir la jeune Isil. Heureusement, sa sœur Leslie serait apte à prendre soin de cette enfant.
Bien plus vite que ce à quoi Adrian s’attendait, la guerre éclata et ce avant même le premier anniversaire de sa fille.

Au mois d’aout 1917, Isil, alors âgée d’à peine trois ans, perd sa mère, Nora. Cette dernière a été retrouvée assassinée. À l’époque, la jeune enfant n’avait pu prendre conscience de ce que cela signifiait. Mais pour Adrian, un problème supplémentaire s’était ajouté à la liste : son meilleur ami, Stanislas, était porté disparu, et ce depuis le jour même du meurtre de sa femme. Une simple coïncidence ? Ce n’était absolument pas le cas pour Adrian, qui voyait un lien très étroit entre ces deux affaires. Tout au long des années qui suivirent, Adrian enquêta secrètement sur ces deux affaires, qui avaient alors été classées sans suite par la police. Afin de préserver sa fille, il avait pris la décision de lui cacher la vérité sur les fonctions qu’occupaient sa mère et son parrain, ainsi que les siennes.

Néanmoins, ce mensonge ne put perdurer que jusqu’au mois de décembre 1930. À cette période, Isil était âgée de 16 ans. Elle vivait seule avec son père et côtoyait régulièrement sa tante et marraine, Leslie. Cette dernière était la seule famille qu’il lui restait en dehors de son père et elle la considérait souvent comme une seconde mère. Après tout, c’était elle qui l’avait élevée durant les premières années de sa vie, et elle était devenue son seul modèle féminin depuis le décès de sa véritable mère.
Toutefois, Isil avait remarqué que son père lui cachait quelque chose. La porte de son bureau était toujours fermée à clef, et elle avait l’interdiction formelle de s’y rendre, qu’elle qu’en soit les raisons, mais jamais il n’avait fourni la moindre explication à sa fille. Poser des interdits à un adolescent, c’était bien souvent l’inciter à franchir ces dits interdits. Et c’est ainsi que la jeune fille s’était décidée à découvrir ce que cachait ce bureau auquel elle n’avait accès.
Certes, elle avait longtemps guetté qu’une occasion se présente pour dérober la clef du bureau à son père. Sans succès. N’ayant eu d’autres choix, elle s’était alors lancée dans une activité bien plus frauduleuse et illégale, mais qui lui était devenue ô combien indispensable pour son avenir : le crochetage de serrure. Après plusieurs mois d’entrainement, elle était enfin parvenue à atteindre son objectif : ouvrir la porte du bureau interdit.
Dans la pièce régnait une odeur de renfermé, l’unique fenêtre étant masquée par d’épaisses tentures ayant pris la poussière depuis des années. Le premier ressenti d’Isil fut la déception.  Rien d’exceptionnel ne semblait se trouver dans ce bureau, si ce n’est que de la paperasse étalée ici ou là. Alors, que pouvait bien faire un fonctionnaire de l’Etat comme son père tout ce temps dans un tel endroit ?
Seul un dossier ressortait du lot : le bord des feuilles qui le composaient étaient intacts, ce qui ne laissait planer aucun doute. Ce dossier devait probablement faire parti des plus récents de toute la pièce. Après l’avoir parcouru d’une rapide lecture en diagonale, la confusion s’empara de l’esprit de la jeune adolescente, la poussant à relire depuis le début, de manière plus attentive. Très rapidement, elle comprit que les secrets tenus par son père étaient plus lourds qu’elle ne le pensait. Le dossier qu’elle venait de lire traitait d’un meurtre. Un assassinat dont son père semblait avoir été chargé. De plus, les documents tenaient plus du rapport que d’une enquête. Les questions commencèrent alors à se bousculer dans l’esprit d’Isil. Son père était-il réellement un fonctionnaire de l’Etat ? Ou bien était-il un assassin, un tueur à gages ? Et depuis combien de temps ?
Effrayée, mais surtout troublée, elle avait alors rangé le dossier comme elle l’avait trouvé sur le bureau, cherchant à effacer toute trace de sa venue. C’est alors que, comme par instinct, elle fut attirée par un autre dossier situé sur une étagère. À nouveau, le bord des pages étaient révélateurs de certaines informations. Les pages anciennes montraient que le dossier n’était pas récent, et les pages nouvelles permettaient d’inférer le fait que ce dossier était encore d’actualité et probablement en cours. Toutefois, la lecture du titre du dossier fut reçue par Isil comme un coup à l’estomac : « Meurtre de Nora Ceuran ». Après tout, son père lui avait toujours raconté qu'elle était morte d'une maladie, et non pas assassinée...
C'est ce dossier qui avait ainsi permis à la vérité de s'exposer au grand jour dans la vie de la jeune Ceuran.
D’après le contenu de ce dossier, Adrian Ceuran était agent secret pour l’État de Russie. Sa femme, Nora Ceuran, travaillait comme instructrice et formatrice pour les futures recrues. Elle avait été retrouvée assassinée à la fin du mois de juillet 1917. Dans le même temps, Stanislas Davinska avait été porté disparu et restait encore, à ce jour, introuvable. Ce dernier était également un espion à la solde de la Russie et, à en croire les rapports du dossier, il avait tenu un rôle important dans le meurtre de la mère d’Isil.
Ainsi, le monde dans lequel avait grandi l’adolescente venait de s’écrouler. La vérité était bien différente de ce qu’elle pensait. Elle était entourée d’agents secrets, d’espions et de tueurs à gages. Et elle, naïve enfant qu’elle était, elle avait gobé tous ces mensonges de son père concernant son travail de fonctionnaire et de voyages diplomatiques à l’étranger.
Avant qu’Isil n’ait le temps d’assimiler ces découvertes, elle fut surprise par son père dans le bureau, dont l’accès lui était normalement interdit. Mis au pied du mur, Adrian n’eut d’autres choix que de tout expliquer à sa fille, plus tôt que ce qu’il n’aurait souhaité le faire.

Il fallut plusieurs mois pour que la jeune Ceuran assimile ces informations et admette la triste vérité. Toutefois, lorsque ce fut chose faite, Isil se mit une seule idée en tête : aider son père à résoudre cette affaire, coûte que coûte. C’est pourquoi durant l’été 1932, l’année de ses dix-huit ans, elle décida de suivre la formation qui ferait d’elle une nouvelle recrue des services secrets russes.
La formation d’Isil se déroula sans accroc particulier, si tant est que le programme fut particulièrement rude. Elle avait appris plusieurs techniques pour soutirer des informations aux personnes ciblées, que ce soit en usant de son corps ou de la torture. Mais de telles compétences n'étaient pas suffisantes. Elle avait également été formée pour résister mentalement et physiquement aux tortures les plus atroces, afin d'éviter qu'elle ne cède quelque information que ce soit si elle venait à être capturée.

Les années passèrent, l'une après l'autre, et Isil perfectionnait peu à peu ses qualités, tant en espionnage, qu'en assassinat et en soutirage d'informations, que ce soit par la séduction ou la torture.
L'année de son trentième anniversaire, Isil était en mission en France, et plus précisément à proximité des plages de Normandie. Bien qu'elle ait appris la langue de Molière, son intégration avait été compliquée au début. Après tout, son accent russe trahissait ses origines, et Staline venait de signer un pacte de non-agression avec l'ennemi allemand du peuple français. Elle se tenait donc en infiltration en territoire potentiellement hostile. Mais en 1944, l'Allemagne avait déjà rompu depuis longtemps les accords de ce pacte. Et, en ce mois de juin, l'agence russe avait eu vent d'une arrivée imminente des Alliées en Normandie.
La mission de la Ceuran consistait à collecter un maximum d'informations auprès d'un général allemand. Elle avait tout essayé, que ce soit l'argent, l'alcool ou le sexe, mais le bougre ne semblait pas enclin à délier sa langue. C'est pourquoi elle avait alors décidé de passer à l'étape supérieure : une torture longue et douloureuse. Alors que la bataille faisait rage dans les rues et que les tirs s'échangeaient à grande vitesse, Isil s'apprêtait à endormir sa proie à l'aide de chloroforme.
Mais la mort pouvait frapper au moment le plus inattendu. Alors qu'Isil se tenait dans la salle de bain, ajustant sa tenue, une simple balle, peut-être perdue, atteignit l'espionne dans la nuque, ne laissant plus qu'un corps sans vie. Et jamais son fiancé, lui aussi agent secret, ne sut ce qui lui était arrivé.

L'absence de sensation due à la mort ne dura pas longtemps et fut rapidement remplacée par des sensations nouvelles. Il n'avait pas fallu longtemps à Isil pour comprendre que, finalement, il y avait bien une vie après la mort. Elle était devenue une âme damnée et perdue. En soi, c'était une conséquence logique suite aux nombreux crimes qu'elle avait commis de son vivant. Mais elle n'éprouvait aucun regret, si ce n'est celui d'avoir échoué à faire la lumière sur le meurtre de sa mère.
Pendant un temps qui lui avait semblé particulièrement long, l'âme qu'elle était fut torturée, déchirée en milliers de petits morceaux avant de se reconstituer, emmenée dans la danse de ce cycle sans fin. Au début, la douleur était forte, plus qu'aucune autre torture qu'elle n'avait connue autrefois. Mais, avec le temps, elle finit par s'y habituer, cette scène macabre devenant son quotidien. Même sous cette torture incessante, elle tint bon, mais toujours, elle sombrait un peu plus dans ses propres torts, découvrant de nouvelles idées pour mieux torturer.
Et un jour, tout cessa. Et ce fut à son tour de s'occuper de la torture infligée aux nouvelles âmes. Et elle en profita pour expérimenter et tenter de nouvelles approches. Ô, certes, elle avait conscience que ces expériences ne lui serviraient plus vraiment, mais sa curiosité avait pris le dessus.

Au fil du temps, elle et plusieurs autres âmes furent appelées par Azazel, Prince de l'Enfer. Ces âmes avaient ressenti un grand changement en elles, bien qu'elles aient du mal à en comprendre les détails. C'est de par le Prince de l'Enfer qu'elles obtinrent plus d'informations. Elles n'étaient dorénavant plus de simples âmes, mais de nouveaux êtres, appelés démons. Et quelques-unes d'entre-elles présentaient quelques différences notoires : des démons de croisement, chargé de réaliser des contrats avec les mortels, leur promettant de nouveaux pouvoirs en échange de leur âme.
Il était dorénavant l'heure pour ces nouveaux démons de retourner dans le monde des mortels et de semer la panique et d'acquérir de nouvelles âmes à la cause de l'Enfer. Pour ce faire, et afin de mieux leur expliquer leurs nouvelles fonctions - surtout pour les démons de croisement - des démons plus anciens les accompagnèrent pour les guider. Dans notre monde, cette horde de démons fut relâchée le seize aout 1951 et commit de nombreux actes criminels dans la commune de Pont-Saint-Esprit, dans le Gard en France. Nous connaissons les phénomènes surnaturels qui se sont produits à cet instant comme étant l'Affaire du Pain Maudit.

Pendant les décennies qui suivirent, Isil voyagea à travers le monde, s'appliquant à tuer des mortels après s'être amusée avec leur corps, signant des contrats ici ou là, avec des êtres qu'elle estimait intéressants, voire utiles à ses yeux. Elle se plaisait à user des charmes d'une jolie femme pour séduire les hommes et les convaincre de donner leur âme à l'Enfer. Mais surtout, ce fut une jeune fille blonde qui l'avait le plus marquée. Elle avait invoqué Isil sans connaissance de cause, juste pour le fun, par curiosité. Et elle avait accepté de réaliser un pacte avec la démone.

Mais ces quelques décennies d'errance de la Ceuran nous donne le loisir de nous projeter en l'an 2000, à Kansas City, dans l'Etat du Missouri, où une jeune fille de quatre ans, Mila, rejoignait un orphelinat. Sa mère l'avait abandonnée à la naissance, laissant son père l'élever seul. Ce dernier n'eut pas la tâche facile, loin de là. En effet, il devait vivre sous un nom d'emprunt car il était activement recherché par les autorités pour ses activités de pirate informatique. Son objectif était pourtant louable. Seules les méthodes utilisées pour transmettre son message étaient réprimandables. Tout ce qu'il souhaitait, c'était amener la population à remettre en questions toutes les informations et discours du gouvernement et des hautes instances, de ces sociétés et organismes influents à travers le monde. Néanmoins, il fut assassiné par des agents spéciaux lors d'une fuite en cette année 2000, laissant sa fille sans plus aucune famille. C'est pourquoi la gamine se retrouva en orphelinat, imprégnée des motivations et du message de son défunt père, qui ne lui avait finalement appris rien de plus, si ce n'est quelques compétences de raisonnements logiques et d'informatiques. Mila était certes en retard au niveau de son épanouissement en tant qu'enfant, dans son orthographe et sa lecture, dans ses relations sociales, mais avait pris quelque peu d'avance dans le domaine numérique.

La vie à l'orphelinat ne fut pas de tout repos, ni même de toute gaieté. Au lieu de recevoir le soutien et l'amour qu'aurait mérité une jeune enfant venant de perdre le seul membre de sa famille, Mila fut rejetée, que ce soit par les autres enfants ou par les personnes responsables de leur éducation. Après tout, elle n'était que la fille d'un cyber-criminel, un voyou. C'est pourquoi, après six années à vivre un tel enfer, elle réalisa une fugue, déjouant les systèmes de sécurité, particulièrement bancals, installés dans et autour de l'internat. C'est pendant cette escapade qu'elle rencontra Cyril Kane, un policier. Elle lui expliqua alors les traitements qu'elle subissait à l'orphelinat et le fait qu'elle ne souhaitait pour rien au monde y retourner. De son côté, le policier enquêta sur le passé de la jeune enfant et finit par se résoudre à l'adopter. Il l'éleva alors comme sa propre fille, et pour la première fois, Mila put grandir et recevoir une éducation digne d'une enfant de son âge. Sans oublier son père biologique, elle avait tout de même rapidement considéré Cyril comme un second père.
Les idéaux de ces hommes ont alors fait croître dans l'esprit de Mila de nouveaux objectifs, tenant plus du mixte entre les deux pères qu'elle avait eus : elle continuerait à propager les avertissements de son père biologique, mais elle userait des moyens employés par Cyril. C'est pourquoi, en 2013, elle commença à réaliser des études en informatique. Dans la même période, elle rencontra Thomas Stilinski sur Internet. Au fil de leurs conversations, ces derniers se lièrent d'amitié, allant jusqu'au point où la jeune fille le considéra comme son meilleur ami, bien qu'ils ne se soient pas encore rencontrés. Il leur faudra attendre trois ans pour qu'ils se décident enfin à se voir l'un en face de l'autre. Et, pour la premières fois de sa vie, Mila commença à éprouver des sentiments qu'elle n'avait pas connus jusqu'alors, mais sans jamais réellement parvenir à mettre le doigt dessus.

Deux années plus tard, elle obtint son diplôme en informatique et s'engagea dans une formation pour entrer dans une unité spéciale des forces de l'ordre. Le rôle de cette unité consistait à user à la fois de compétences sur le terrain et de compétence en sécurité informatique pour traquer et arrêter les criminels. Bref, une unité qui permettrait à la jeune femme d'allier ses connaissances et compétences personnelles aux idéologies inspirées des objectifs de son père adoptif.
Néanmoins, les choses tournèrent au drame pour Cyril et Mila quelques mois plus tard. Tous deux avaient été nommés pour travailler ensemble sur une affaire particulièrement complexe. Mais cette dernière prit une tournure particulière pour une fin tragique : Mila, pas encore assez forte pour se défendre, fut violée par l'un des malfaiteurs qu'ils recherchaient. Aujourd'hui encore, la jeune femme s'en veut d'avoir été si faible, d'avoir imposé une vision aussi horrible à son père, et elle se donne à fond pour devenir plus forte, pour être capable de se défendre.

Mais lors de l'été 2018, quelques mois avant cette sordide affaire, la route de l'archange Michaël avait croisé celle de la démone Isil Ceuran. Ayant eu vent de ses compétences en matière d'espionnage, il souhaité l'embaucher pour une tâche toute particulière : surveiller un chasseur répondant au nom de Thomas Stilinski. Trouvant que cette mission lui permettrait de passer le temps, Isil accepta et se mit en recherche pour trouver le meilleur moyen d'approcher le chasseur sans se faire remarquer.
Après quelques mois à l'observer de loin, Isil avait fini par trouver une ouverture : prendre possession du corps d'une amie proche de Thomas. Cette amie était une proie facile et simple à approcher depuis son viol.

C'est ainsi que le chemin d'Isil Ceuran croisa celui de Mila Kane. Cette dernière est aujourd'hui persuadée que la voix qui lui parle dans sa tête n'est autre que sa conscience, qui se fait plus présente pour l'aider à mieux se protéger. Mais comment cette relation évoluera-t-elle ? Seul l'avenir nous le dira, et cet avenir, c'est maintenant, quelques semaines après que Mila soit sortie de l'hôpital dans lequel elle se trouvait depuis cette tragique affaire aux côtés de son paternel.